Pendant plus de trois mois, Libération a suivi le procès des viols de Mazan au tribunal judiciaire d’Avignon. Le principal accusé, Dominique Pelicot, est l’architecte d’un système tentaculaire de violences sexuelles sous soumission chimique, dans le cadre duquel il a violé et fait violer celle qui était alors sa femme, Gisèle Pelicot, par des inconnus recrutés en ligne. A ses côtés, 50 coaccusés se sont succédé à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Libération dresse les profils de ces hommes, la plupart poursuivis pour «viol aggravé», avant le verdict rendu ce jeudi 19 décembre.
Nom : Vincent Coullet
Age : 43 ans
Profession : employé d’une menuiserie
Faits : deux passages à Mazan, dans la nuit du 27 octobre 2019 puis dans la nuit du 1er janvier 2020
Statut : comparaît détenu
Peine requise : 15 ans de réclusion criminelle
Verdict : 10 ans
Vincent Coullet dit avoir commencé à boire et à fumer du cannabis après avoir assisté à la mort d’un ami dans un accident de voiture. Dans le box des accusés, il s’est aussi mis à pleurer en racontant avoir été le témoin du décès de son arrière-grand-mère qu’il aimait tant, à l’âge de 8 ans. «Il a fallu passer au-dessus de ça, je sais pas si j’y suis passé», dit-il en sanglotant. Son émotion s’est évaporé d’un coup lorsqu’il a s’agit d’aborder les faits qu’il nie, en bloc. Sur Coco.fr, il «cherche des relations d’un soir ou des rencontres avec des couples», explique-t-il, en soulignant que les propositions n’étaient pas si courantes que cela. «C’est pas un supermarché Coco hein !» s’est-il exclamé, provoquant le premier et dernier départ de Gisèle Pelicot, excédée, de la salle d’audience.
Pour justifier sa première venue au domicile des Pelicot, Vincent Coullet dit avoir cru «à un plan libertin». Il ne sait plus très bien si Dominique Pelicot lui a parlé des somnifères qu’il administrait à sa femme, en revanche il reconnaît qu’une fois arrivé il lui a dit «viens, on va la réveiller», mais qu’il a constaté qu’elle dormait. La présence du mari le met en confiance. «Mais un consentement, ça ne se transmet pas par un tiers», souligne Me Antoine Camus, un des avocats de Gisèle Pelicot, en l’interrogeant. Réponse, sur le même ton amorphe : «Je ne le savais pas.» Il y retournera, quelques mois plus tard, après avoir, selon lui, été sollicité par Dominique Pelicot, qui lui aurait dit que sa femme avait «aimé» regarder la vidéo de son premier passage. «Je pense à ce moment-là avoir plus satisfait le couple que m’être satisfait moi. C’est peut-être dur à entendre mais… c’est ça.»